CENTRE ÉDUCATIF FERMÉ
I - Le projet éducatif
Un Centre Educatif Fermé, c’est tout d’abord un cadre précis, où la notion de sanctions judiciaires est fondatrice.
Les règles de fonctionnement doivent être lisibles et faciles à expliquer pour que chaque mineur puisse se les approprier.
Seuls moyens de donner des repères structurants qui ne peuvent laisser place au doute.
Les objectifs doivent être clairement énoncés.
Les jeunes mineurs sont au CEF pour que soient exécutées les décisions prononcées par le magistrat, tout en mettant à profit, les moyens qui leur sont offerts pour se reconstruire durant leur placement.
La durée limitée du séjour oblige l’équipe éducative à utiliser avec précision les outils pédagogiques choisis en vue de la finalité à atteindre.
Dans un premier temps, une évaluation globale de la personnalité, des potentialités, des difficultés et des souhaits du jeune, permet de construire avec un programme pédagogique adapté à ses besoins.
Le repérage des lacunes ainsi que des points positifs physiques, psychiques, scolaires, éducatifs, affectifs, familiaux et
environnementaux, découle directement de cette évaluation.
L’enfant coupé de son quotidien, va découvrir des règles, des modes de communication et d’enseignement différents qui permettent de ne plus se sentir en danger, à condition que ceux-ci lui soient clairement expliqués.
Parallèlement le centre, par le biais de son équipe éducative et thérapeutique va prendre en compte la souffrance et les difficultés du jeune adolescent, en les reconnaissant et en traitant les causes et les conséquences de celles-ci.
La notion de soin pour une personne déstructurée implique un travail long et en perpétuelle adaptation, la durée du placement amène donc à définir des objectifs mesurés mais précis, par une compréhension progressive de ses difficultés et de leurs origines.
En premier lieu, avant de demander à un adolescent de se projeter dans l’avenir, nous devons œuvrer pour qu’il retrouve confiance en lui, envers les adultes et la société qui l’ont sanctionné et pour qu’il accepte peu à peu la sanction prononcée à son encontre.
III - Le déroulement de la prise en charge
Proposition d’admission – Le magistrat ou les services éducatifs habilités effectuent une demande d’admission par téléphone pour une demande en urgence ou par écrit pour une demande préparée, auprès du Directeur ou des cadres du CEF.
Lors d’une admission, suite à une présentation immédiate, l’éducateur de la Protection Judiciaire de la Jeunesse assurant la permanence éducative auprès du parquet est chargé de véhiculer le mineur jusqu’au CEF.
II - Le public
Le CEF est destiné aux jeunes mineurs délinquants placés au titre de l’Ordonnance du 2 février 1945 dans un cadre exclusivement pénal, assorti d’une décision de contrôle judiciaire ou d’un jugement prononçant une condamnation avec sursis ou mise à l’épreuve, d’une liberté conditionnelle, d’un aménagement de peine avec placement extérieur.
Il s’agit de 12 garçons âgés de 14 à la majorité.
Contre indication : les jeunes toxicomanes dépendants, ceux présentant une pathologie mentale avérée et lourde, relevant de la psychiatrie ou nécessitant une prise en charge médicale importante ou une assistance pour leur vie quotidienne ne peuvent être admis dans l’établissement.
Le recrutement des jeunes s’effectue en priorité dans la région, afin de favoriser les relations avec les familles, le magistrat et les services de la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
Afin d’assurer une cohérence dans la vie de groupe, il est important de limiter au nombre de trois les jeunes provenant d’un même secteur géographique, évitant ainsi la reconstruction de bande qui ne permet pas le travail de rupture avec le contexte connu. Les admissions dans le CEF de l’AASEAA-SE10 s’effectuent de façon permanente et non par session.
IV - L’Admission
En cas de réponse favorable, le Directeur ou un chef de service du CEF est invité à participer à toute ou partie de l’audience de placement.
Au cours de cette audience, le cadre remet le livret d’accueil et le règlement de fonctionnement au jeune, à sa famille et au magistrat placeur.
Le magistrat est informé du protocole à respecter en cas d’incident, établi avec le Parquet de Troyes. La famille est invitée à remplir un dossier administratif concernant la santé du mineur. Le magistrat en même temps qu’il fixe le cadre juridique qui justifie la mesure de placement au CEF, détaille s’il le souhaite le contenu du règlement de fonctionnement du CEF au mineur et les obligations qui en découlent.
Le Mineur quitte l’audience en compagnie du cadre du CEF pour se rendre vers son lieu de placement.
Dans le cadre d’un placement préparé, le mineur, dans la mesure du possible, aura préalablement reçu la visite d’un cadre du CEF sur son lieu de résidence (domicile, foyer, détention, etc..), afin de recevoir une présentation du déroulement de la prise en charge, ainsi que le livret d’accueil.
Cette rencontre préalable est très importante, elle permet au jeune d’avoir un premier contact avec la personne qui va la conduire après l’audience au CEF. Elle facilite l’acceptation de la décision judiciaire et évite la fugue à la sortie d’audience.
L’éducateur PJJ chargé du suivi du mineur est associé à cette rencontre démontrant ainsi au mineur la complémentarité de l’action éducative menée par les deux services.